Critique – Civilization Revolution

par Carl Pruneau

Sid Meier's Civilization Revolution
Développé par : Firaxis
Publié par : 2K Games
Disponible sur : Xbox 360/PS3/Nintendo DS/iOS


https://youtu.be/1ddLcyliggg

À l’été 2008, Firaxis et 2K Games proposaient Sid Meier’s Civilization Revolution, une version remaniée de la célèbre série de jeux de stratégie et de gestion d’empire pour consoles Xbox 360, PlayStation 3, Nintendo DS et appareils iOS. Depuis, l’entreprise a édité deux nouvelles moutures du jeu de base pour PC et même une suite exclusive pour téléphones intelligents. À l’époque, la presse avait accueilli favorablement Civilization Revolution; est-ce toujours avec autant d’intérêt qu’on peut l’aborder neuf ans plus tard?


Les fondements demeurent, si mégalomanes soient-ils : le joueur est invité à gérer le développement d’une civilisation depuis la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine. Le tout est opéré au tour par tour de la même manière que les adeptes de la série l’ont toujours fait. Les villes que le joueur fondera seront au centre de sa stratégie pour gagner la partie : elles produisent les marteaux nécessaires à la construction de bâtiments et d’unités militaires, de la science (pour développer de nouvelles technologies) ainsi que de la culture servant à étendre le territoire couvert par son influence culturelle. Le joueur est de cette façon constamment sollicité pour bouger les unités sur la mappemonde, choisir les prochaines technologies à découvrir et pourvoir à la chaîne de production de ses villes. Un défi qui peut paraître démesuré s’il n’était pas si satisfaisant. Si, la plupart du temps, le processus peut ressembler à un coup de dés, les améliorations apportées à la production de marteaux/science/culture par les différents bâtiments, les personnages illustres et les technologies offrent un éventail d’options déchirantes pour mener à bien sa stratégie.


Dans la poursuite de vos objectifs, il faudra s’assurer de contrecarrer les plans de vos adversaires qui emploient parfois des stratégies totalement différentes aux vôtres puisque chaque civilisation colporte son lot d’avantages sans compter sur l’influence des ressources (générées aléatoirement) que votre territoire recèle. D’ailleurs, le jeu permet quatre sortes de victoires par domination militaire, culturelle, économique ou scientifique (course technologique pour l’exploration de l’espace) ce qui complexifie la donne.


L’expérience Civilization n’est effectivement pas amoindrie, je tiens à vous rassurer, si ce n’est que certaines fonctions ont été mises de côté. Par exemple, il ne sera pas possible pour le joueur de modifier les cases adjacentes à ses villes pour en maximiser l’exploitation. Cela force inévitablement le joueur à être sélectif sur l’endroit où il fondera ses villes.


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L’algorithme de l’intelligence artificielle ne peut évidemment pas égaler les prouesses d’un joueur humain. À ce titre, elle profite d’atouts pour constituer un concurrent potable, elle triche en quelque sorte. Les nations rivales se montrent très compétitives et n’hésiteront pas à vous attaquer si l’opportunité se présente. Cependant, après quelques parties, le joueur n’aura pas de difficulté à s’imposer face à l’ordinateur d’autant plus s’il est familier avec les concepts de la série. Notons le peu de progrès effectué par l’intelligence artificielle depuis une décennie s’il faut comparer ce jeu à sa plus récente itération, Sid Meier’s Civilization VI.


C’est pour cette raison que le mode de jeu en solo ne peut constituer une option intéressante à long terme pour Civilization Revolution. Il faudra se prémunir d’un abonnement au service Xbox Live ou PSN et affronter ses amis en ligne (ou en LAN) pour jouir du plein potentiel que recèle ce jeu. Le défi sera bien plus relevé lorsque vous devrez composer avec les stratégies déployées par un joueur adverse. Sous cette configuration, les nations contrôlées par l’algorithme du logiciel deviennent autant de facteurs d’agents déstabilisateurs qu’il faut prendre en compte. Par son format plus accessible, il s’agit sans doute de la meilleure mouture multijoueur que Firaxis ait proposée de sa série culte jusqu’à ce jour.


Par ailleurs, quelques bogues permettent aux initiés de se donner un avantage indu lors de parties multijoueurs. Cependant, ceux-ci ne brisent pas de façon notoire le fonctionnement du jeu si ce n’est que l’on aurait espéré plus de diligence de la part d’un éditeur de l’importance de Take Two à peaufiner son produit.


Les artistes embauchés par Firaxis ont repris la facture esthétique de Sid Meier’s Civilization IV pour en accentuer la saturation des couleurs et simplifier l’aspect général de la carte. Le logiciel ne tire vraisemblablement pas parti de toutes les ressources que les consoles de la dernière génération sont capables de déployer. Néanmoins, à quelques reprises, le taux de rafraîchissement se fait cahoteux : une lacune qui n’a raisonnablement pas lieu d’être.


La présentation des menus des jeux de stratégie de ce type est souvent austère, dépouillée, monotone. Elle ne conviendrait évidemment pas à une version destinée au marché des consoles. Ce sont vos conseillers qui en égayent l’apparence et qui apportent les précisions nécessaires quant aux choix opérés. Même stratagème pour la diplomatie : les chefs des civilisations étrangères sont numérisés de toutes pièces pour donner le rythme aux séances de négociations internationales.


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Cette version survitaminée et caricaturale de l’apparence générale de l’interface se révèle en outre la pièce maîtresse du casse-tête que les artisans chez Firaxis ont eu à résoudre pour adapter la série au marché des consoles de salon. Jamais n’ai-je eu l’impression d’être ralenti par les menus puisqu’une fois accoutumé à la configuration des boutons, la navigation à travers ceux-ci devient intuitive. À ce titre, le joueur ne devrait pas négliger d’aborder le tutoriel pour s’y familiariser.


Seule la bande sonore semble avoir souffert avec la reconfiguration pour consoles du jeu originel. Contrairement aux itérations pour ordinateurs, Civilization Revolution n’est pas doté d’une trame musicale mémorable. En fait, en jeu vous n’entendrez probablement jamais de musique puisque les sons d’ambiance (vagues océaniques, déplacements militaires) occupent tout l’espace. Les conseillers viendront aussi vous importuner avec leur charabia «Sim-esque». Au final, la réalisation sonore de ce titre est fonctionnelle, adéquate, mais sans plus.


Conclusion


Pour réduire le temps d’attente au comptoir et améliorer les gains d’efficacité, les chaînes de restauration rapide ont misé sur une simplification de la préparation des aliments pour en arriver à un produit aux propriétés parfois discutables.


En ce qui concerne Civilization Revolution, le même procédé n’a pas abouti à un nivellement de l’expérience, au contraire. Le mode multijoueur en ligne profite notamment de la simplification des préceptes inhérents à cette série culte pour offrir des capsules qui se complètent en moins de deux heures de jeu.


Immanquablement, certaines manœuvres auront été automatisées, d’autres sont carrément passées à la trappe, mais le concept initial demeure. Ainsi, contrairement à la restauration rapide, il ne manque aucun élément essentiel dans cette nouvelle mouture pour en apprécier toutes les subtilités.


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Positifs :


+ Sid Meier’s Civilization formaté pour consoles


+ Un mode multijoueur enlevant


+ Une rejouabilité infinie


Négatifs :


– Quelques bogues demeurent toujours…


– Un mode solo limité par les lacunes de l’intelligence artificielle